jeudi 17 juillet 2025

Le RIO – Paris ne répond plus

 AF 447 « le crash qui n’aurait pas dû arriver » par Gérard ARNOUX publié en juillet 2019 aux éditions l’Harmattan.




Dans la nuit du 1e juin 2009, le vol Air France 447, parti de Rio de Janeiro et à destination de Paris, disparaît au milieu de l’Atlantique avec ses 228 passagers et membres d’équipage. Depuis, tout a été dit au sujet de la pire catastrophe de l’aviation française. En particulier, les pilotes furent rapidement présentés comme de bien commodes boucs émissaires, suite à une campagne bien orchestrée permettant de couvrir les acteurs du transport aérien qui peinent à assumer leurs responsabilités et à se remettre en question.

Pourtant, la chaîne des responsabilités, dont les pilotes ne constituent que le dernier maillon, est bien plus longue. L’auteur, successivement représentant de quatre syndicats de personnels navigants Air France lors de l’instruction judiciaire qui a pris fin, présente dans cet ouvrage les éléments techniques permettant de prouver que cet accident ne peut se comprendre comme la résultante d’une simple erreur de pilotage et d’établir les manquements à tous les niveaux ayant conduit au drame. Il fait aussi de nombreuses et étonnantes révélations sur les recherches de l’épave, l’enquête technique du BEA et le déroulement de la procédure judiciaire.

4 commentaires:

  1. Le livre raconte l’histoire de la machine la plus sophistiquée qui soit, laquelle n’était pas supposée décrocher jusqu’à ce qu’elle plonge dans l’océan d’une altitude de 11 600 m en moins de 4 minutes.
    Ce qui n’est pas sans rappeler un autre naufrage survenu le 15 avril 1912 au large de Terre-Neuve, celui du Titanic pourtant réputé insubmersible.
    Réalisé pour le dixième anniversaire de ce crash, cet ouvrage apportait des révélations toujours d'actualité sur les tenants et aboutissants d’un accident résultant d’une faillite collective des acteurs du transport aérien, suivie de falsifications délibérées et d’une enquête à charge pour les pilotes.
    Un accident tellement emblématique qu’il allait devenir un cas d’école pour le devenir de la sécurité aérienne mondiale. Ouvrage de vulgarisation réalisé néanmoins avec toute la rigueur scientifique et le recul nécessaire, il est destiné non seulement aux pilotes, mais à un large public qui se passionne pour l’histoire de l’aviation, en premier lieu les passagers qui y découvriront le véritable métier des navigants, mais aussi à l’intention de tous les professionnels de l’industrie qui permettent à ces belles machines de voler afin qu’ils prennent enfin en compte le point de vue des pilotes que je nous nous sommes inlassablement efforcés d’exprimer.
    C’est également un document de référence pour les acteurs du monde judiciaire, qu’ils soient Procureurs, juges ou avocats, forcément déconcertés par la complexité d’un domaine qui leur est étranger.
    Résultat de près de dix années d’enquête et de recherches, cet ouvrage explique pourquoi un petit nombre d’accidents à l’image du crash en Indonésie de Lion Air 610 (Octobre 2018) opéré par un Boeing 737-8 Max flambant neuf, et celui d’un appareil du même modèle Ethiopian 302 (mars 2019) et qui sait de Air India (?) continuent d’affecter une industrie tout entière.
    Une industrie, qui peut se targuer d’être néanmoins devenue le moyen de transport le plus sûr du monde en réalisant annuellement en toute sécurité 36 800 000 vols (chiffres 2017) pour transporter 4 milliards de passagers en ne faisant “que” 56 victimes.

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  2. Parmi les révélations étonnantes de cet ouvrage, on découvrira :
    - En premier lieu toutes les failles d’un système, lesquelles ont permis à cet accident de survenir et surtout sur ce qu’il eut fallu faire pour l’empêcher, les pilotes n’étant que les trop faciles et habituels boucs émissaires de cette
    catastrophe.
    - Pourquoi il a été apparemment si difficile de localiser l’épave (?)
    - Comment la confiance aveugle dans les automatismes a fait l’impasse sur la question complexe en termes de facteurs humains de l’adéquation de l’interface être humain-machine avec pour conséquence l’échec de l’industrie à concevoir des automatismes plus intuitifs et à y entraîner les pilotes de façon appropriée.
    Alors que les Bureaux d’Enquête et d’Analyses en accidents, tels que le BEA français, avaient recommandé que les pilotes restent en toutes circonstances, maîtres de leur machine en conservant la priorité sur leurs ordinateurs, l’échec des autorités de l’aviation civile à faire de cette recommandation de bon sens une réalité dans les postes de pilotage, comme l'ont révélés après d’autres, les accidents affectant le B737- Max de Lion Air et celui d’Ethiopian, est particulièrement préoccupant.
    Quand Boeing rompant avec sa philosophie de base, sort pour la première fois les pilotes de la boucle, ça se passe aussi mal que pour l'A330 d' Airbus.
    L’épave aurait pu reposer indéfiniment à 4 000 m, oubliée dans le silence glacé des grandes profondeurs de la dorsale atlantique si ce n’était la détermination inébranlable des familles de victimes à la retrouver pour qu’elle rende les corps de leurs proches et livre ses secrets.
    C’est finalement une société américaine spécialisée, le "Woods Hole Oceanographic Institute" qui la retrouvera en une semaine en avril 2011, 22 mois après sa disparition, grâce à un financement d’Air France et d’Airbus, alors que trois campagnes de recherches pilotées par le BEA (Bureau Enquêtes et Analyses) eurent étrangement échoué.

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  3. L’impact mondial du crash d’AF447 continue de produire ses répliques dans tous les domaines de l’aviation civile.
    Depuis 2018 les pilotes de compagnies majeures réalisent un entraînement sur des scenari simulateurs plus réalistes, basé sur les leçons apprises d’AF447.
    Ce qui démontre, à quel point, les automatismes ne peuvent se substituer à l’entraînement des pilotes afin de leur permettre de continuer à faire voler un avion dont les ordinateurs ont "buggé" et qui n’est plus capable de le faire par lui-même.
    Pour autant, force est de constater que tous les enseignements utiles n’en ont pas été tirés en particulier en termes de formation, mais aussi d’ergonomie et d’architecture des systèmes complexes.
    Cet accident doit constituer un rappel salutaire pour tous ceux qui, tentés de rogner sur les coûts des pilotes, espèrent que les bras robotisés puis l’intelligence artificielle seront à même de remplacer les pilotes dans les cockpits dans un futur proche (nous sommes en 2019 lors de cette vision prémonitoire qui fait plus que rêver les avionneurs en 2025).

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  4. À n’en pas douter il ne manquera pas de "gardiens du temple politiquement corrects " grassement rétribués pour utiliser l’habituel argument choc du complot pour tenter de décrédibiliser tout ce qui ne relève pas de la doxa et
    qui étouffe plus que jamais, tout débat de fond dans ce pays.
    Le « complotisme » : ce sont des théories, des rumeurs, des fantasmes.
    Ici, c’est le contraire : il s’agit de faits bruts étayés par des documents et des preuves factuelles, patiemment mis en perspective au terme de dix années d’enquête méticuleuse.

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